Kinésiologie : un dialogue avec le corps
« Les bras m’en tombent. » « J’ai les jambes en coton. » Ces expressions populaires attestent du rapport étroit entre nos muscles et nos émotions. Reposant sur ce principe, la kinésiologie, technique psycho-corporelle, va détecter nos déséquilibres énergétiques, émotionnels ou physiques pour lever les blocages qui nous dominent. Elle s’appuie sur un test manuel de réponse musculaire pour connaître notre fonctionnement et éveiller notre potentiel.
Le test de la kinésiologie est différent des tests mécaniques utilisés par les kinésithérapeutes. Il consiste à établir un dialogue avec le corps en lui posant directement un certain nombre de questions. Le sujet tend un membre, habituellement le bras, sur lequel le praticien effectue une légère pression. En situation normale, le bras résiste, il est “verrouillé”. En cas de stress, il y a modification de la réponse du système musculaire qui se traduit par une absence de verrouillage, le bras tombe sous la pression. Les applications de ce test ont donné naissance à de nombreuses techniques dont voici les trois plus connues.
La santé par le toucher, créée par George Goodheart, permet de tester et d’équilibrer les muscles et l’ensemble des méridiens du corps pour apporter un mieux-être physique général.
La kinésiologie éducative, mise au point par Paul Dennison, se concentre sur l’amélioration de l’apprentissage. Elle a pour objectif de stimuler, libérer et décontracter pour permettre à l’adulte ou à l’enfant d’accéder à tout son potentiel. Cette technique est souvent utilisée en complément des méthodes éducatives (suivi scolaire, orthophonie, etc.).
Les concepts “trois en un”, élaborés entre autres par Gordon Stokes, utilisent le test musculaire dans le domaine du développement personnel, de la libération du stress, du mieux être émotionnel et de la confiance en soi. On ne teste alors plus seulement les muscles ou les circuits d’énergie, mais aussi les émotions et les sensations.
Les origines
Les premiers tests musculaires, créés par des neurologues, étaient utilisés pour faire le bilan des paralysies et autres problèmes moteurs. Ils consistaient déjà à appuyer sur certains membres du corps pour en évaluer la force de contraction. En 1964, George Goodheart, chiropracteur américain, découvre une nouvelle manière de tester les muscles. Il a en effet déterminé que certains d’entre eux sont reliés aux méridiens d’acupuncture (canaux assurant la circulation de l’énergie dans le corps), et que le tonus musculaire reflète l’état de fonctionnement de notre organisme dans sa totalité.
Au fil des ans, Goodheart a mis au point de nombreuses techniques de corrections dans les domaines des muscles et des ligaments, de la nutrition, de la gestion des émotions, et des systèmes énergétiques.
Comment se déroule une séance ?
Le sujet définit son objectif : se débarrasser d’un mal de vivre diffus et chronique, de problème relationnel, d’insomnies, etc., les motivations les plus fréquentes étant le stress et l’amélioration de l’apprentissage. Paul Landon, président de la Fédération française de kinésiologie et praticien, insiste : « Nous travaillons sur un équilibre global, pas sur un symptôme. Il est donc essentiel pour le client de formuler un objectif positif tel que “Je souhaite être détendu dans telle situation” plutôt que “Je ne veux plus avoir mal à la tête”. » Il est fréquent que le praticien vérifie la pertinence de l’objectif. Il exerce alors une pression sur le bras. Si celui-ci tient, le corps est en accord avec la formulation de l’objectif. Si le bras lâche, l’objectif sera reprécisé.
Une conversation à “trois” s’engage alors entre le praticien, le sujet et son corps. Pour définir l’origine d’une souffrance, le kinésiologue va interroger la mémoire du corps pour s’informer des événements qui ont affecté la personne et dont il ne se rappelle pas consciemment. Le praticien peut tester au moins 14 muscles liés à différents méridiens, organes, ou émotions. Dès que l’un d’entre eux accuse une faiblesse, il donne des indications sur l’origine du blocage. Seront ainsi déterminés des excès ou des manques d’énergie et des déséquilibres à corriger pour parvenir à l’objectif fixé.
Au sujet alors de se laisser porter par ces questions et de laisser ses souvenirs (inconscients) recréer une scène, un moment, une situation ou un incident. La kinésiologie n’est pas une psychothérapie. Il s’agit de retrouver ce qui, dans le passé, s’est imprimé de façon à en modifier l’intensité, plus que de savoir pourquoi cela s’est fait ainsi. Interviennent alors les corrections. La plus courante étant l’auto stimulation. Le praticien propose au sujet d’exercer une pression sur un point précis de son corps réactivant ainsi la circulation de l’énergie. Il peut aussi suggérer la visualisation d’une situation ou d’une couleur, un mouvement, une respiration. Si la correction est adaptée, le muscle testé se renforce et ne cède plus sous la pression. On peut alors définir un autre objectif, tester les muscles et effectuer des corrections visant à l’atteindre.
Il est fréquent, entre deux séances, de se voir conseiller un certain nombre d’exercices : des mouvements dits d’intégration conçus pour stimuler la connexion entre les zones responsables de la motricité du cerveau gauche et du cerveau droit et rétablir la “latéralisation”. L’un des plus courants, le cross crawl (marche croisée) consiste à toucher à tour de rôle son genou droit avec sa main gauche et son genou gauche avec sa main droite.
Indications et contre-indications
La kinésiologie aide à surmonter les maux chroniques : la boulimie, le mal des transports, les douleurs et l’énurésie.
La kinésiologie éducative facilite l’apprentissage des langues, de la lecture, de l’écriture et l’appréhension de nouvelles situations. Elle renforce la confiance en soi. Enfin, la kinésiologie intervient sur les souffrances morales telles que la mélancolie, l’indécision, l’irascibilité, les phobies, des difficultés d’orientation et de choix de vie.
En revanche, elle ne soigne pas les maladies. « Nous ne sommes pas médecins, rappelle Jean-Claude Guyard, président du Syndicat national des kinésiologues kinésithérapeutes. Mais nous sommes complémentaires. » Certains malades gravement atteints ont en effet recours à la kinésiologie pour accompagner leur traitement en travaillant sur leurs peurs.
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Publié dans le magazine Psychologies le 17/06/2015